L’orthopédie est la spécialité qui s’intéresse au diagnostic et à la prise en charge médicale et chirurgicale des maladies du système musculo-squelettique (c’est-à-dire les os, les tendons, les muscles …).
Parce que la vie de nos animaux domestiques est souvent confrontée à de nombreux dangers, c’ est une spécialité que nous avons particulièrement à cœur : accidents de voiture, coups ,bagarres, chutes (les fameux « chats parachutistes »…), ou simplement trauma sportif… entraînent très fréquemment des fractures , entorses ou autres ruptures ligamentaires …
Le diagnostic se fait par l’anamnèse clinique, des manipulations ; le plus souvent nous aurons recours à la radiographie (nous sommes équipés d’appareils radio numériques).
Pour certaines affections particulières , nous réfererons votre animal dans une structure équipée d’un scanner ou d’une IRM.
En fonction du diagnostic, nous vous proposerons les différentes options thérapeutiques, les risques et les statistiques de résultats, associées a l’établissement d’un devis, afin que vous soyez en permanence associés à la gestion du cas de votre animal .
Ces affections étant le plus souvent douloureuses, une gestion SYSTÉMATIQUE de la DOULEUR tout au long du processus, depuis la prise en charge du choc, jusqu’à la cicatrisation complète, sera effectuée . Pour nous, la souffrance n’ est pas tolérable… et de plus la douleur ralentit la récupération et le bien être physique et psychique de l’animal …
Pour cette raison , nous appliquons systématiquement les principes de la chirurgie atraumatique., la mise en place de protocoles douleur pendants et après les chirurgies, l’utilisation des dernières techniques antalgiques (perfusion CRI, morphinique , laser thérapeutique , cryocompression, acupuncture, cannabinoïdes )
Comme la douleur est individuelle, vous êtes en première ligne pour nous faire remonter vos observations, afin que nous puissions à tout moment adapter le traitement antalgique de votre animal.
Traitement médical :
Dans de nombreux cas , le traitement de la pathologie ne nécessitera pas de chirurgie. On fera alors appel a des traitements externes par MMV (Médecine Manuelle vétérinaire ou ostéopathie), Acupuncture, Laser thérapeutique, la pose d’attelles plus ou moins rigides , la Physiothérapie, les médicaments anti-inflammatoires , les chondroprotecteurs, la Phytothérapie …
Traitement chirurgical :
Nous sommes équipés d’un bloc opératoire permettant d’effectuer les opérations orthopédiques , par nature complexes, dans les meilleures conditions de stérilité et de sécurité opératoire.
L’anesthésie, après induction fixe et gestion de la douleur, est maintenue par intubation et relais gazeux (anesthésique et oxygénothérapie), perfusion et monitorage cardiorespiratoire .
Le vétérinaire chirurgien orthopédiste est assisté par un ou 2 aides formés , travaillant dans les mêmes conditions de stérilité.
Nous sommes équipés des dernières générations de matériel orthopédique (moteur SYNTHES , scie à TPLO B.BRAUN), ainsi que des implants (plaque VCP ou LC-DCP, vis corticales ou verrouillées ) SYNTHES.
Nous vous donnons ici quelques cas de chirurgie orthopédique
Cas d’une fracture :
-Déroulement de l’opération :
Après la préparation en amont sur les radiographies ,tonte parfaite et préparation minutieuse, le membre atteint est incisé en regard de la zone lésée,en évitant les nerfs et les vaisseaux . Souvent, nous utilisons la technique « OPBNT » (« Open But Do Not Touch » !). Qui assure une conservation de l’hématome et donc une meilleure cicatrisation osseuse.
La fracture est repérée, réduite et cette réduction est maintenue par différents daviers.
Puis en fonction du type de fracture, l’os va être reconstruit, ou juste maintenu en alignement en attendant la cicatrisation .
Nous utilisons pour cela des clous chirurgicaux, des broches, des vis de traction, des plaques (pouvant être verrouillées.).
Certaines pathologies spécifiques (fractures ouvertes infectées, ruptures du tendon d’Achille…) Nécessitent la pose de fixateurs externes.
Ensuite, la plaie est refermée, plan par plan , pour terminer par une suture intradermique puis des points cutanés.
Un pansement filmogène semi-perméable est appliqué sur la plaie, une séance de laser immédiatement effectuée (action cicatrisante, antalgique, anti-oedemateuse). Des compresses d’anesthésiques locaux longue action sont appliqués, avant la pose d’un pansement de protection .
-Récupération de votre animal
Vous récupérez l’animal une fois bien réveillé, et lorsque la douleur est gérée (le plus souvent le lendemain). Des antalgiques, et des antibiotiques lui sont prescrits pour quelques jours .
L’animal ne doit absolument pas se lécher la plaie, ce qui pourrait entraîner un arrachage des points et une éventuelle infection (potentiellement très grave) !
Aussi nous vous laissons une collerette et/ ou un body … à lui laisser jusqu’au retrait des points ( c’est-à-dire classiquement 12 à 15 j après la chirurgie).
Un contrôle est prescrit 2 a 3 jours après l’opération, pour retirer l’anesthésique local, vérifier la plaie, faire les premiers soins en MMV (ostéopathie), et appliquer le laser thérapeutique.
-Et après ?
L’animal doit rester sous contrôle (laisse ou espace restreint comme un parc), jusqu’à la cicatrisation de l’os… 2 mois minimum !
Des radiographies régulières de contrôle permettront de surveiller l’évolution (a minima à 1 et 2 mois…)
Dans certains cas , il pourra être recommandé de retirer les implants orthopédiques… cela se fera quand l’os sera complètement cicatrisé… et dans les mêmes conditions chirurgicales que pour la pose du matériel … (mais chirurgie cependant le plus souvent beaucoup moins longue!!)
Nous pouvons traiter des fractures appendiculaires (les pattes, les doigts.), les fractures du bassin, ainsi que celles de la mandibule…
Cas de la Rupture du Ligament croisé cranial du genou (RLCA)
(CF article séparé)
C’est la pathologie ostéo-articulaire la plus fréquente sur nos animaux domestiques …
Certaines races vont être beaucoup plus prédisposées que d’autres … ainsi que les animaux souffrant de surpoids ou de pathologies hormonales …
La biomécanique du grasset chez le chien et le chat fait qu’une rupture du ligament croisé est mal supportée, douloureuse et entraîne une boiterie importante (à titre de comparaison, l’humain du fait de son anatomie , tolère beaucoup plus facilement cette pathologie.)
De plus le mouvement articulaire anormal conduit rapidement à une éburnation (arrachement du cartilage articulaire) et à la formation d’une arthrose précoce.
Il est donc recommandé d’opérer rapidement le grasset pour nettoyer l’articulation des débris de ligament ou de ménisque, qui sont très inflammatoires, et stabiliser le genou pour limiter le plus possible l’arthrose.
En fonction de l’espèce (chien ou chat.), du poids de l’animal, de son âge et d’autres contraintes ( notamment financières.), 3 types de chirurgies sont proposées
-Prothèse ligamentaire externe : « technique de FLO modifiée »
Cette technique est la plus simple, très efficace sur les animaux de petite taille (chats, chiens de moins de 20 kg.).
-Prothèse « Tigh-Rope »
elle présente des intérêts certains … mais aussi des inconvénients majeurs !
On lui préfère généralement le TPLO
-opération de nivellement du plateau tibial (TPLO) :
C’est devenu l’opération consensuelle au niveau mondial , le « Gold Standard ».
Dans cette opération, on n’essaye pas de reproduire la biomécanique du Ligament croisé, mais de changer cette biomécanique afin de s’en affranchir …
L’opération consiste donc à couper la partie proximale du tibia, afin d’en modifier la pente .
Les taux de réussite sont très bons, et la récupération fonctionnelle est la plus rapide des 3 techniques .
C’est également celle pour laquelle les lésions arthrosiques sont les plus faibles .
–Cas de luxation de la rotule :
Cette pathologie est très fréquente chez les chiens nains (chihuahua, pinscher…) et consécutive à des malformations congénitales du genou : une déviation de la crête tibiale, une trochlée fémorale aplatie, un relâchement de la capsule articulaire…
Chez ces chiens, la rotule se luxe, entrainant douleur et boiterie , ainsi qu’une prédisposition a la rupture du Ligament croisé cranial et de l’arthrose du grasset précoce.
Les luxations de la rotule agissent également sur les tensions au niveau des muscles dorsaux et prédisposent le chien aux hernies discales …
En fonction du grade de luxation et de la gêne occasionnée par celle-ci, le traitement pourra être conservateur (MMV -ostéopathie/acupuncture-, phytothérapie..) Ou chirurgical .
Dans ce cas , après ouverture de l’articulation, nous réalisons :
- une transposition de la crête tibiale (déviation de la crête, afin de la remettre dans l’axe) et/ou
- une trocheoplastie (recreusement de la trochlée fémorale et autogreffe de cartilage)
- une capsuloraphie (suture de la capsule articulaire pour la retendre et maintenir la rotule en place).
Les résultats sont bons à 86 %…
–cas de la symphysiodèse pubienne :
Certaines races de chiens ( …et de plus en plus fréquemment de chats géants) -Bergers allemands, Cane corso, Rottweiller, Labradors et Golden retriever… etc.
sont prédisposés a avoir une malformation de croissance des hanches : la Dysplasie des hanches.
Cette pathologie entraîne de fortes douleurs et boiteries , puis déclenche une arthrose précoce des hanches très handicapante .
Une opération simple, la symphysiodèse pubienne, peut être réalisée avant la fin de la croissance du chiot (avant l’âge de 4 mois), et permet de statistiquement diminuer de moitié le risque de déclencher une dysplasie des hanches à l’âge adulte.
Techniquement, on agit sur la symphyse du pubis, alors que le cartilage de croissance n’est pas encore fermé, afin de modifier la croissance du bassin et recouvrir les hanches …
L’opération est très bien supportée, et le chiot rentre dès l’après-midi chez vous .
Les résultats sont bons : 50 % de diminution du risque … mais le chien peut quand même être dysplasique plus tard (même si souvent il l’est moins gravement.), mais rien ne prouve non plus que votre chien aurait été dysplasique s’il n’avait pas été opéré !!
Il est possible de pratiquer des radiographies avec un appareillage spécial (un distracteur) pour faire des radios en distraction ; elles permettent de voir si le chien a un risque statistique élevé ou non de faire de la dysplasie des hanches …
En tout état de cause, il faut intervenir le plus tôt possible , pour que les modifications de croissance du bassin soient efficaces sur le développement articulaire …
-cas de l’arthrodèse :
Certaines entorses traumatiques notamment au niveau des tarses/carpes sont trop graves pour être traitées par des thérapies conservatrices . Il peut alors être nécessaire de bloquer définitivement l’articulation.
Cette chirurgie est une opération de sauvetage, qui n’a lieu qu’en dernier ressort, pour éviter l’amputation du membre …
-cas de la luxation de la hanche :
C’est une pathologie classique des accidents de voie publique, qui sont des traumas à très forte énergie.
On essaye sous anesthésie de remettre la hanche en place… si cela n’est pas possible ou que la réduction ne tient pas , il faut alors recourir à la chirurgie : plusieurs techniques sont utilisées pour stabiliser la tête de la hanche dans l’articulation (suture iliofémorale, tunnellisation du grand trochanter , prothèse de ligament rond intra-articulaire.).
En cas d’échec ou d’impossibilité de recourir a ces techniques, on réalise l’amputation de la tête fémorale/ il n’y a plus d’articulation (donc plus de douleur.), mais l’animal doit compenser par le développement de sa musculature des fessiers…
Conclusion :
Toutes les pathologies ostéo-articulaires peuvent être étudiées et des traitements proposés…dans la limite du raisonnable !!
Pour chacune des affections , nous discuterons des conséquences des différents choix. En restant très humbles : les corps vivants sont des mécaniques biologiques, soumis a de nombreux facteurs que nous ne pouvons pas tous dominer , et jamais nous ne pourrons garantir un résultat, une absence de complication, de retard de consolidation , ou évacuer le risque d’un échec …
En règle générale, l’orthopédie ne relève pas de l’urgence, même si certaines affections (fractures articulaires du jeune en croissance, fractures ouvertes.) nécessitent une prise en charge un peu plus rapide …
